En 2050, la planète comptera plus de 9 milliards d'habitants dont près de 6 milliards vivront en ville, là où se concentre déjà une partie des maux de notre société : bétonisation, pollution, congestions et inégalités... Paradoxalement, la ville est aussi, le territoire qui comporte le plus d'opportunités pour agir et inventer une cité du futur plus économe, plus connectée, plus verte et plus inclusive. En tant qu’acteurs de l’immobilier, nous sommes aujourd’hui en première ligne pour répondre à ces enjeux en envisageant l’immobilier non plus seulement dans son cycle de vie mais en l’intégrant dans celui de la ville toute entière.
La ville à l’heure de la globalisation
Aujourd’hui, les villes sont devenues des pôles économiques et démographiques puissants à tel point que certaines d’entre elles sont plus influentes que leurs propres Etats. Véritables fers de lance de l’économie mondiale, elles produisent plus de 80% de la richesse mondiale. Cette hégémonie des villes va encore plus loin avec l’apparition du concept de ville-monde qui concerne aujourd’hui New-York, Tokyo, Londres et Paris. Popularisée par la sociologue et économiste américaine Saskia Sassen, l’expression désigne les métropoles où se concentrent les pouvoirs centraux des entreprises et de l’économie mondiale. Ce phénomène de souveraineté des villes s’explique notamment par la montée en puissance de la connectivité induite par les nouvelles technologies ainsi que le développement des transports qui favorisent les échanges internationaux. Certains n’hésitent d’ailleurs plus à présenter le 21ème siècle comme le siècle des villes. Mais pour rester compétitives, elles doivent démontrer qu’elles ont la capacité à relever les défis urbains du monde de demain.
Une approche systémique pour penser la ville de demain
Le modèle urbain tel qu'on le connaît actuellement met en lumière les nombreux enjeux et défis à résoudre pour dessiner la ville de demain. Et d’après moi, la clé de leur réussite reposera sur une approche systémique en partant du postulat que les dimensions économiques sociales et environnementales interagissent les unes avec les autres. Il s’agit de penser la ville dans sa globalité pour la rendre plus durable, inclusive et intelligente. Réconcilier ville et nature, placer l’usager au centre des projets urbains et capitaliser sur une ville plus smart, font partie, selon moi, des modèles à suivre pour atteindre ces objectifs.
- Réconcilier ville et nature
L’urbanisation galopante de ces dernières décennies pose de plus en plus la question des rapports entre le minéral et le végétal dans la ville. Aujourd’hui, réconcilier la ville et la nature est devenu une nécessité pour retrouver un équilibre urbain, réduire les pollutions atmosphériques et in fine améliorer le cadre de vie des citadins. C’est le cas de San Francisco, Paris ou Sydney qui misent de plus en plus sur la végétalisation des toits et terrasses des immeubles afin de réduire les îlots de chaleur, de minimiser les crues, de favoriser la biodiversité mais également d'augmenter leur capacité de résilience alimentaire. A titre d’exemple, Paris a pour objectif d’installer 100 hectares de bâti végétalisé d’ici 2020, dont un tiers d’agriculture urbaine. Ces projets de potagers urbains se multiplient et investissent notamment les toits de la RATP dans le 12eme arrondissement pour faire pousser des plantes aromatiques. A la Porte de la Chapelle, Cycloponics cultive des champignons dans un parking souterrain. A l’Opéra Bastille, des pieds de houblon approvisionnent certaines microbrasseries parisiennes.
- Placer l’usager au centre des projets urbains
A l’heure où de nouveaux modèles s’imposent comme l’économie circulaire ou le développement collaboratif, la ville intègre de plus en plus ses citadins dans ses projets urbains. De la concertation 2.0 à la co-construction, désormais l’usager est associé aux prises de décision. A ce titre, le projet des Bassins à Flot à Bordeaux reste novateur en matière de gouvernance partagée, intégrant l'idée d'un urbanisme négocié et d'un dialogue constant entre les porteurs de projets, les collectivités, les utilisateurs et les habitants. Ces nouveaux modes de gouvernance prennent aussi appui sur des associations locales pour développer notamment des actions culturelles et sportives et créer ainsi des lieux de vie. Par exemple, l’association Plateau Urbain a pour vocation de mettre à disposition des espaces vacants comme des locaux en attente de restructuration pour des acteurs culturels ou de l’économie sociale ou solidaire et de créer ainsi de la valeur dans des zones urbaines en devenir.
- Capitaliser sur le digital pour une ville plus smart
De l’open data aux NBIC, la ville fait sa révolution numérique pour soutenir un développement urbain alliant durabilité, qualité de vie et gestion intelligente des ressources naturelles. Depuis quelques années, la Smart City crée des services visant à optimiser les coûts, faciliter l'organisation et l'administration de la ville tout en assurant le bien-être de ses habitants. En France, OnDijon propose un projet véritablement inédit puisque que c'est la première fois qu’une opération de cette envergure en matière d’Open Data voit le jour dans l’Hexagone dans une administration publique. Grâce aux données numériques issues des équipements publics connectés et à la participation des citoyens, OnDijon créé de nouveaux services publics : informations en temps réel, mobilité connectée ou encore éclairage adapté à la fréquentation des lieux. Autre exemple avec IssyGrid à Issy-Les-Moulineaux qui préfigure ce que le SmartGrid peut apporter aux villes de demain : au total, 14 systèmes d’information et de stockage interconnectés permettent de superviser et d'optimiser le flux énergétique du quartier.
La ville de demain sera donc placée sous le signe de la durabilité, de l’inclusion et de l’intelligence. En tant qu’auditeur du cycle 2019 de l'Institut Palladio, qui favorise rencontres, échanges et débats sur le sujet, je reste persuadé qu’il faut développer davantage de synergies avec tous ceux qui contribuent à la ville, autorités locales comme acteurs privés, pour concevoir des projets immobiliers qui répondront aux défis du 21ème siècle.
Partageons autour de cette réflexion
Que vous ayez un projet immobilier ou que vous souhaitiez simplement prolonger l'échange autour de ce sujet, n'hésitez pas à me contacter !