Depuis plus de 6 ans, une vaste politique de réindustrialisation de la France a été lancée et semble porter ses fruits puisque le pays s’affirme en tête des destinations privilégiées par les investisseurs directs étrangers en Europe [1]. Durant le conseil des ministres du 22 mars dernier, le ministre de l’économie Bruno Lemaire a présenté au gouvernement de nouvelles mesures qui visent à assurer le soutien à la compétitivité des entreprises françaises en adressant des aides ciblées aux investissements dans des secteurs clés. L’Association des Directeurs Immobiliers (ADI) dont BNP Paribas Real Estate est partenaire privilégié, a de son côté dévoilé il y a quelques mois son manifeste pour la réindustrialisation de la France, comprenant 12 propositions concrètes et pour la plupart neutres pour les finances publiques. Les acteurs de l’immobilier ont en effet un large rôle à jouer pour participer à la réindustrialisation de la France.

Réindustrialiser le territoire, un axe stratégique pour la France

Rendre les entreprises plus agiles et compétitives

 

Comment redonner à la France sa puissance industrielle d’antan ? Depuis le début des années 2000, l’industrie manufacturière française est en chute libre, selon l’organisation professionnelle et lobby France Industrie [2]. La part de l’industrie dans le PIB de la France ne s’établissait qu’à 13.4% en 2018, contre 25.5% en Allemagne, 19.7% en Italie, ou 16.1% en Espagne [2]. L’Hexagone est par conséquent devenu l’économie la plus désindustrialisée du G7 avec le Royaume-Uni, se traduisant par un déficit commercial croissant depuis 2004, toujours selon France Industrie. L’organisation ajoute que la balance commerciale française enchaîne les déficits (-65 Mrds€ en 2020), tandis qu’au même moment, l’Allemagne additionne les excédents (+179 Mrds€ en 2021) [2].

La guerre en Ukraine consécutive à la crise sanitaire de Covid-19 ont particulièrement mis en lumière la vulnérabilité de l’industrie française, et ont illustré les dépendances du pays aux importations industrielles, énergétiques et technologiques étrangères et la fragilité de ses chaines d’approvisionnement. Tout cela entrainant une inflation galopante s’établissant à +6,2% sur un an en février 2023 [3] et qui impacte le quotidien des Français. Ces épreuves ont toutefois eu le mérite de révéler, voire de remettre au cœur des débats, l’importance de donner les moyens à la France de regagner sa souveraineté industrielle, afin de contribuer à la performance économique et sociale du pays.

Le gouvernement s’est emparé du sujet dès novembre 2018 en lançant l’initiative « Territoires d’industrie », qui a pour ambition la reconquête industrielle de la France en accélérant les investissements au sein des territoires [4]. Un fonds dédié de 950M€ a été mobilisé dans ce cadre pour soutenir les projets industriels les plus structurants dans les régions. Cette initiative porte ses fruits, car selon Bruno Le Maire, Ministre de l’Économie et des Finances et Roland Lescure, Ministre Délégué chargé de l’Industrie, les créations de 80 nouvelles usines en France ont été annoncées en France en 2022, soit plus que le nombre d’usines fermées [5]. Un chiffre qui fait également suite au 123 créations nettes en 2021, année record.  

Autant d’initiatives que l’ADI (Association des Directeurs Immobiliers) juge encourageante et elle souhaite en parallèle soutenir pleinement les actions gouvernementales en faveur de la réindustrialisation du pays. L’association bataille pour exprimer le point de vue des professionnels de l’immobilier qui, selon elle, ont un poids majeur pour aider à la réindustrialisation de la France, en développant des projets immobiliers innovants qui accompagnent au mieux l’ensemble des entreprises qui s’implantent dans les territoires. Dans un manifeste qu’elle a écrit en partie grâce à la collaboration de plusieurs partenaires dont BNP Paribas Real Estate, l’ADI souhaite apporter sa contribution à la réindustrialisation de la France, en proposant 12 solutions concrètes et neutres pour les finances publiques qui s’articulent autour de 4 objectifs : faciliter l’accès à l’information, simplifier les démarches, inciter les acteurs du marché et adapter le cadre d’action à la réalité du terrain.

Réindustrialiser la France grâce à l’immobilier

Des solutions innovantes et pragmatiques

 

Pour rédiger son manifeste, l’ADI a organisé et mené des ateliers réunissant des directeurs immobiliers de grandes entreprises industrielles, de PME (petite ou Moyenne Entreprise) et D’ETI (Entreprise de Taille Intermédiaire) qui ont permis de nourrir de nombreux échanges et d’affiner les réflexions. En effet, ces participants venaient d’univers très différents et constituaient un panel représentatif de 155 sites industriels, le plus petit d’entre eux occupant 200 mètres carrés et le plus grand 250 000 mètres carrés, dans des secteurs d’activités aussi variés que l’artisanat de luxe en passant par l’automobile ou l’agroalimentaire, explique l’ADI dans son manifeste.

Ces travaux minutieux ont donc permis d’accoucher de 12 propositions que voici ci-dessous, toutes complémentaires et en lien avec l’immobilier, et qui visent à simplifier et accélérer les projets d’implantations d’activités productives industrielles en France.

  1. Repérer facilement les sites disponibles en améliorant Cartofriches et en créant une carte d’identité pour chaque site.
  2. Associer les entreprises plus pro-activement aux orientations territoriales.
  3. Diviser la destination « Industrie » en deux selon que le projet soit soumis ou pas à l’autorisation ICPE.
  4. Conserver la mixité des zones en maintenant l’usage industriel / manufacturier dans des documents d’urbanisme.
  5. Détacher du contexte local les décisions d’implantation de fonciers industriels et mettre en place un délégué interministériel à la réindustrialisation.
  6. Mettre en place un guichet unique pour les projets de recherche de sites industriels.
  7. Créer un dossier d’instruction unique.
  8. Améliorer les relations avec les riverains en repensant les modalités de réalisation des enquêtes publiques.
  9. Instaurer des contrats de développement territorial sur l’ensemble de l’Hexagone.
  10. Faciliter le traitement environnemental des friches.
  11. Créer un contexte favorable à la financiarisation de l’actif immobilier industriel.
  12. Revoir la fiscalité appliquée aux sites productifs.

Étudions plus en détail la proposition numéro 10, qui propose de faciliter le traitement environnemental des friches. En effet, l’objectif ZAN (Zéro Artificialisation Nette) à horizon 2050 inscrit dans la loi Climat et Résilience, implique que les porteurs de projets industriels doivent réemployer des zones déjà urbanisées où s’implanter dans des friches laissées à l’abandon. Un fonds de dotation de 100 millions d’euros a même été débloqué par le Gouvernement pour aider au recyclage de ces sites souvent pollués. Mais la dépollution du site est à la charge du porteur du projet qui doit présenter un dossier suffisamment mature, bilan économique prévisionnel à l’appui, pour candidater à la reprise du site. L’ADI propose donc que la collectivité locale sur laquelle se trouve la friche puisse intervenir directement sur la dépollution du site en étant éligible au fonds de dotation, avant même que celui-ci ne soit sélectionné pour y développer un projet.

Pour la puissance publique, l’intérêt serait double. En anticipant, la collectivité aurait le temps de sélectionner le prestataire « le mieux-disant », s’assurant par la même occasion de bénéficier du meilleur rapport « qualité-prix ». La valorisation de ce foncier, porté sur la durée par un établissement public foncier, serait ainsi plus élevée. De leur côté, les entreprises bénéficieraient de foncier « clé en main », facilitant leur installation puisque les incertitudes liées aux enjeux de dépollution seraient évacuées. 

L’Association des Directeurs Immobiliers (ADI)
Manifeste pour la réindustrialisation de la France

À Sénart, un projet d’usine 4.0 modulable et « prête à construire »

Un bâtiment qui s’adapte aux besoins de l’entreprise

 

Comme l’ADI et ses partenaires, de nombreux acteurs de l’immobilier et de l’aménagement des territoires entreprennent et innovent pour amorcer la reconquête industrielle de la France. Le Groupe Elcimaï, spécialisé dans l’ingénierie du bâtiment et l’EPA (Établissement Public d’Aménagement) de Sénart, se sont associés pour développer ce qu’ils appellent « L’usine du futur » [6]. Conçue pour être un site de production clés en mains, cette usine est constituée d’une offre packagée, réunissant un produit immobilier à hautes performances productives et environnementales et d’un foncier « prêt à construire » de 5,3 hectares avec une possibilité d’extension.

Le projet est parti du constat que l’implantation de nouvelles industries en France souffre parfois d’un manque de souplesse, notamment à cause d’un immobilier industriel trop rigide et peu adaptable au développement des activités. Cette usine révolutionnaire a donc voulu prendre en compte ces enjeux grâce à un projet immobilier apportant de la flexibilité aux industriels. Ce projet d’usine 4.0, a donc été pensé selon deux axes : l’adaptation du bâtiment à l’évolution des activités de l’occupant sans aménagement lourd et une conception à empreinte carbone réduite et contrôlée dans une logique de développement durable.

L’usine 4.0 de Sénart serait également fabriquée avec des matériaux respectueux de l’environnement, à 80% biosourcés et à 20% issus de filières durables. Elle fonctionnerait grâce à l’utilisation d’énergies renouvelables comme le solaire et sa consommation serait jusqu’à 30% inférieure à un site industriel traditionnel, selon le Groupe Elicmaï.

BNP Paribas Real Estate Transaction se positionne comme prescripteur pour développer des usines 4.0 comme celle portée par le Groupe Elcimaï et l’EPA Sénart ou encore celle portée par FIRE à SaintPriest. Nous sommes capables d’accompagner les porteurs de projets sur des éléments très concrets, comme la puissance électrique nécessaire, la connexion numérique, l’analyse du bassin d’emploi, le niveau de sécurité, de services aux entreprises, d’hébergements pour les salariés.

Christophe Prioux
Christophe Prioux, Associé aux grandes opérations logistiques et activité France, logistique Europe
BNP Paribas Real Estate Transaction France

Traditionnellement, l’entreprise industrielle a tendance à développer des bâtiments en fonction d’un process précis, « mais quand la production évolue, les locaux doivent s’adapter et c’est là que l’immobilier a un rôle à jouer pour aider et contribuer à réindustrialiser la France », ajoute Christophe Prioux.

Les synergies entre filières industrielles et logistiques

Un marché logistique résilient au soutien de l’industrie

 

Selon une dernière contribution écrite commune de la filière logistique (AFILOG, France Logistique, Union TLF) [7], « l’implantation logistique est une donnée clef pour la réindustrialisation de la France, logistique et industrie étant les deux faces d’une même pièce ». En effet, ce rapport explique que la réindustrialisation ne peut s’opérer sans une chaîne logistique performante pour approvisionner en matières premières, distribuer les produits finis (en France et à l’export) et stocker l’ensemble de ces biens avant, pendant et après le processus de fabrication.


Que la filière se rassure, le marché de la logistique en Europe a bien résisté en 2022 malgré un environnement politique et économique incertain, et il reste l’an passé sur 27 millions de m² commercialisés, supérieur à sa moyenne sur 5 ans. Les faibles taux de vacance et la disponibilité limitée du foncier continuent de tirer les loyers à la hausse, un effet amplifié par les coûts de construction. Les perspectives de hausse des loyers restent attractives pour les investisseurs. En conséquence, le marché de l’investissement a enregistré de solides volumes dans l’ensemble de l’Europe malgré un ralentissement observé fin 2022 suite à l’ajustement des taux directeurs.

Le marché de la logistique en France dispose de son côté de nombreux atouts et ses fondamentaux demeurent relativement résilients. En France, le taux de vacance a atteint son niveau le plus bas jamais observé en France à moins de 3 % et la demande pour des bâtiments de qualité reste forte, impliquant une poursuite de l’augmentation des loyers constatée depuis bientôt 3 ans et tout particulièrement dans les emplacements ‘prime.

Arthur Rodriguez
Arthur Rodriguez, Directeur du Département Logistique Nationale
BNP Paribas Real Estate Transaction France

En matière de transactions, 80% des implantations de 2022 se sont portées sur la dorsale (Lille, Paris, Lyon et Marseille). Le premier marché reste l’Ile-de-France et le sud de l’Oise avec plus de 1 100 000 m² placés. Les régions Hauts de France et Rhône-Alpes (élargie) ont enregistré des volumes de commercialisation très satisfaisants avec respectivement plus de 600 000 m² placés. La région Paca avec près de 350 000 m² est au niveau de sa moyenne quinquennale. Enfin la région Centre-Loire (Grand Orléans) connait pour sa 4ème année consécutive un niveau très satisfaisant avec plus de 350 000 m² placés.

Autre fait significatif du marché de la logistique en 2022, le profil des investisseurs est en train d’évoluer puisque de plus en plus d’acteurs s’intéressent à ce marché : fonds d’investissements étrangers, nord-américains, mais aussi SCPI. C’est donc tout naturellement et dans une logique de diversification sectorielle assumée que BNP Paribas REIM a par exemple acquis récemment deux plateformes logistiques à Strasbourg de 20 000 m² environ, toutes deux louées à des locataires de qualité [8].

Le développement d’un réseau logistique est indispensable pour accompagner des politiques efficaces de relocalisation des activités productives. La désindustrialisation, constatée en France depuis plusieurs décennies, est un phénomène qu’il faut à tout prix éviter pour le secteur de la logistique. Il peut y avoir une logistique sans industrie, mais il ne peut y avoir d’industrie sans logistique.

AFILOG, France Logistique et Union TLF
Filière Logistique en France

Sources

Crédits photos

photo de couverture : conception et Réalisation Elcimaï 
netsay avec Adobe Stock
Kletr avec Adobe Stock
Gualtiero Boffi avec Shutter Stock

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