L’économie circulaire, au sens large du terme, va de la gestion des matériaux, à la réutilisation des infrastructures, tout en promouvant les usages partagés et les circuits courts. Ces pratiques permettent de réduire les déchets, d'optimiser l'utilisation des ressources et de favoriser une consommation plus responsable. En réutilisant les structures existantes et en partageant les espaces, nous contribuons à la durabilité et maximisons les bénéfices, qu’ils soient environnementaux, sociaux ou économiques.

Si l’on se concentre sur les matériaux, le secteur du bâtiment en France génère environ 46 millions de tonnes de déchets, dont la moitié est issue des chantiers de démolition*. Limiter leur production et les transformer en ressources via l’économie circulaire et le réemploi est une solution pour une ville résiliente et bas carbone.

En reconnaissant la valeur de la réutilisation des matériaux et en exploitant les déchets, cette approche incite à réemployer l'existant et donc à moins consommer de matières premières. Avec cette nouvelle approche, l’immeuble devient une banque de matériaux, un gisement de ressources.

Réutiliser ce qui existe déjà au lieu d’acheter neuf est une philosophie qui a une réelle incidence. Pour 1 000 m² de surface, le réemploi permet d’économiser :

  • 44 tonnes de déchets,
  • 67 tonnes équivalent CO2
  • Plus d’un million de litres d’eau.**

Les 3 R : « réutiliser, réduire, recycler »

L’économie circulaire et valoriser les déchets immobiliers

Face à l’impact environnemental des constructions, de plus en plus de maîtres d’ouvrage s’intéressent au réemploi. Dans cette approche, le déchet devient un produit de (re)consommation. A la fin de sa première vie, il se recycle pour s’insérer dans un immeuble où il trouvera un nouvel usage. Ainsi, sa durée de vie est prolongée et sa production valorisée.

A Neuilly-sur-Seine, sur l’axe reliant Paris au quartier d’affaires de La Défense, l’immeuble de bureaux situé au 185 avenue Charles de Gaulle a fait l’objet d’une restructuration ambitieuse. Suivant sa stratégie ESG, BNP Paribas REIM a imaginé pour cette propriété détenue par sa SCPI Accès Valeur Pierre, une réhabilitation d’envergure, menée via un chantier exemplaire.

Lors du curage, les principes de l’économie circulaire ont été mis en œuvre et plusieurs matériaux issus de l’ancien immeuble ont pu servir à d’autres projets de réhabilitation :

  • 17 000 m² de moquette sur le projet du World Trade Center en Belgique.
  • 95 tonnes de structure métallique pour le musée de l’Industrie de Rouen,
  • 500 portes,
  • Un groupe électrogène,
  • Des équipements sanitaires (vasques, robinetteries,) et du mobilier.

Une méthodologie judicieuse a permis la valorisation de 97% des déchets de déconstruction.

Pour les travaux de réhabilitation, l’objectif de zéro déchet ultime a été atteint grâce, notamment, à la mise en place d’une déchetterie in situ, à la préfabrication des blocs sanitaires, à l’utilisation de matériaux de réemploi et de peintures recyclées ainsi que de béton bas carbone. Cette exigence a ainsi permis de générer une économie de CO2 de 33% par rapport à une restructuration traditionnelle.

Une conception immobilière respectueuse de l’environnement

Intégrer des matériaux issus du réemploi nécessite une logistique propre. Une dépose soignée et un conditionnement approprié participent à la préservation de la qualité du produit. Maintenu dans de bonnes conditions, il évite le recours à un produit neuf impliquant extraction de matières, consommation d’énergie liée à sa production, émission de dioxyde de carbone pour son acheminement...

Un des auditoriums de METAL 57 à Boulogne-Billancourt a été conçu suivant les principes de l’économie circulaire. Pour cela, BNP Paribas Real Estate s’est appuyée sur l’expertise de Kataba, une entreprise de l’économie sociale et solidaire, spécialisée dans la fabrication de mobilier éthique. L’éco-conception de cet espace a maximisé le réemploi de matériaux ainsi que le choix d’équipements, notamment audiovisuels, reconditionnés. Neuf personnes en insertion ont contribué à la réussite de ce projet promouvant une approche durable de l’aménagement intérieur.

Cette initiative a ainsi permis de réutiliser 874 kg de matière et d’économiser 6,8 tonnes eq. CO2 soit cinq fois moins d’émissions carbone à projet d’aménagement équivalent.

« L’Agora illustre l’alliance entre l’économie circulaire, le confort et l’esthétisme. En aménageant cet espace de 120 m², BNP Paribas Real Estate souhaite montrer à ses clients et collaborateurs qu’une alternative respectueuse de l’environnement est possible. Nous avons renouvelé l’expérience lors de l’aménagement du CXC, lieu d’échanges autour de l’innovation, et continuons de prôner la pratique d’une conception raisonnée et reconditionnée » Catherine Papillon, Directrice Développement Durable et RSE de BNP Paribas Real Estate

La réhabilitation d’immeubles, une source inépuisable pour le réemploi

Quand des déchets deviennent ressources

Le réemploi est un levier de sobriété immobilière fort. Idéalement, il faudrait désormais bâtir en prévision de la déconstruction pour une réutilisation maximisée des matériaux. Dans l’attente de cette anticipation constructive, d’autres méthodes sont expérimentées telle la construction à partir de matière recyclée.

Réhabilitée par BNP Paribas Real Estate, la tour Senckenberg à Francfort se distingue par sa façade réalisée à 95% en aluminium recyclé. C’est la plus grande tour d’Allemagne utilisant ce matériau. Une avancée et un intérêt écologique qui s’expliquent en quelques chiffres : si la production de 1 kg d’aluminium primaire en Europe émet en moyenne 8,6 kg de CO2, 1 kg d’aluminium recyclé Hydro Circal*** n’en émet que 2,3 kg soit une baisse de 75 % d’émissions de gaz à effet de serre. L'utilisation de l'aluminium recyclé aura permis de réduire son empreinte carbone en économisant plus de 2 600 tonnes de CO2.

Difficile de standardiser les actions de réemploi car chaque opération immobilière à ses spécificités. Ce sont l’état du bâtiment et le diagnostic au cas par cas qui permettent d’identifier les gisements et les opportunités d’un site. A Paris, l’immeuble de bureaux situé 47 quai d’Austerlitz, détenu par la SCPI Accimmo Pierre, fonds géré par BNP Paribas REIM, fait l’objet d’une restructuration où les principes du réemploi sont au cœur de la démarche de réduction de l’impact sur l’environnement. Sur ce bâtiment édifié il y 20 ans et bien entretenu par son locataire historique, un « curage soigné » a permis de valoriser, via le réemploi, près de 400 tonnes de matière (chemins de câbles, moquette, faux planchers techniques…), soit près de 900 tonnes eq. CO2. Cela représente environ 15% des déchets du chantier.

Le projet prévoit également de conserver les cadres de menuiseries extérieurs encore performants, soit 15 à 20% des châssis existants. L’ensemble des dalles de faux plancher en bon état seront reconditionnées et réemployées in-situ. Certains équipements techniques de production encore efficients (groupe électrogène, groupe froid de secours, transformateurs…) seront aussi conservés. Le projet s’appuie sur un programme environnemental ambitieux qui vise une combinaison de labellisations et certifications permettant de dépasser dès 2026 le niveau Décret Tertiaire 2040 et d’atteindre le nouveau référentiel mixte BBCA.

Une action collective pour encourager la circularité

L’industrialisation du réemploi et de l’économie circulaire en immobilier nécessite l’implication de l’ensemble des professionnels de la chaîne de valeur. Un travail en commun est impératif pour définir ensemble le recyclage des ressources potentielles des restructurations et mettre en place les filières.

BNP Paribas Real Estate est partenaire de l’association CircoLab, laboratoire de l’économie circulaire. Il promeut la rénovation, la réparation et le réemploi pour :

  • Allonger la durée de vie des matériaux pour réduire à la source la consommation des matières premières,
  • Encourager le recyclage des déchets pour alimenter les gisements de matières premières.

BNP Paribas Real Estate est aussi membre du Booster du Réemploi initiative qui a pour objectif de réduire de 20 à 30% l’impact carbone du secteur du bâtiment, au moyen du réemploi de matériaux. Sa plateforme met en relation offreurs et demandeurs, intéressés par des matériaux de réemploi.

L’économie circulaire et le réemploi vont à l’encontre des modèles économiques prônés ces dernières décennies. Pourtant, si les coûts initiaux de ces pratiques peuvent être plus élevés, sur le long terme, une rentabilité est possible. Beaucoup de défis restent cependant à relever : règlementaires, constructifs, assurantiels… Inspirer ces approches environnementales aux acteurs de la ville est un point majeur. Cette sensibilisation permettra à l’intégralité de la chaîne immobilière de promouvoir la démarche et d’intégrer dans ses projets les principes de l’économie circulaire. C’est par une participation et un investissement collectifs qu’ensemble, maître d’ouvrage, architecte, entreprise, bâtiront la ville durable.