PLU bioclimatique de Paris, évolution du loyer Prime, mobilité des entreprises, resizing, prise en compte croissante des critères RSE, évolution des classes alternatives… Comment évolue et s’adapte le marché de bureaux en Ile-de-France (IDF) dans un contexte économique et financier incertain ? Retour sur les Rencontres Bureaux IDF organisées par BNP Paribas Real Estate.

Une demande placée en retrait en 2023

Des petites et moyennes surfaces plus résilientes

 

La demande placée bureaux Île-de-France affiche un retrait de 18 % sur un an, à fin août 2023, avec 1,1 M de m² placés. La Défense tire son épingle du jeu grâce au dynamisme de la demande placée sur les petites et moyennes surfaces (+ 22 % sur un an), mais souffre d’un fort retrait des grandes transactions et d’une demande exprimée supérieure à 5 000 m² qui s’amenuise. A noter également que la Boucle Sud et Neuilly/Levallois-Perret affichent des résultats de volumes de transactions en dessous de leur moyenne décennale.

De son côté, Paris intramuros occupe toujours la première marche du podium avec 42 % du total de la demande placée en IDF, mais un marché à 2 vitesses est à noter. Si Paris Quartier Central d’Affaires (QCA) reste dynamique, en ligne avec sa moyenne décennale, sans pour autant réitérer sa performance exceptionnelle de 2022, Paris hors QCA décroche. Toutefois, c’est au niveau de ce second secteur géographique que devrait s’opérer le rattrapage avec 8 transactions d’une superficie supérieure à 5 000 m² supplémentaires attendues d’ici la fin de l’année.

Le décalage de la demande placée reste donc significatif entre les grandes surfaces, d’une superficie supérieure à 5 000 m², qui affichent un retrait plus marqué (- 25 %), contre - 15 % pour les petites et moyennes surfaces plus résilientes. Un effet rattrapage est néanmoins en train de s’opérer en grandes surfaces au gré des levées de condition suspensives.

Cette accélération devrait se poursuivre permettant à la demande placée d’atterrir autour de 1,850 M de m² placés en fin d’année. En 2024, nous anticipons un volume de transaction de 1,9 M de m², grâce à un report d’environ 150 000 m² d’ores et déjà protocolés, en ligne avec la nouvelle moyenne décennale estimée post covid.

Les grandes recherches diminuent et restent orientées majoritairement sur Paris

108 projets enregistrés au T1 2023

 

Les grandes recherches reculent elles-aussi tant en nombre qu’en volume depuis le T1 2023. A date, 108 projets ont été enregistrés, soit un volume en baisse de 12 %.

Paris demeure le secteur privilégié par les utilisateurs avec 49 % des grandes recherches exprimées en 1ère intention.

Les délais de transformation s’allongent

15 mois pour les grandes surfaces

 

De plus, l’allongement des délais de transformation de la demande, que ce soit en grandes surfaces (15 mois) mais aussi sur le segment mid-market (11 mois), est à souligner. Cette tendance à la hausse pour transformer une nouvelle recherche s’explique de 2 manières. D’une part, les besoins des Utilisateurs sont plus difficiles à calibrer avec la prise en compte croissante de critères organisationnels, environnementaux, sociaux et financiers – autant d’acteurs décideurs autour de la table. D’autre part, la forte concentration des recherches sur les secteurs sous-offreurs, avec parfois une incapacité à trouver l’offre correspondante dans un délai court, contracte le marché.

Un taux de vacance élevé en IDF

Des capacités d’absorption disparates en IDF

 

Si la demande en immobilier de bureaux en IDF se contracte, l’offre disponible se caractérise par un taux de vacance francilien élevé (8 % au T2 2023). Une fois de plus, de fortes disparités géographiques sont à souligner. La vacance parisienne continue de se réduire, à 3,6 % à mi année (contre 4 % l’année dernière), et à 2,1 % dans Paris QCA. Alors qu’à l’inverse, elle continue d’augmenter en périphérie avec des pics proches de 20 % en Péri-Défense et en 1ère Couronne Nord.

Si on considère maintenant les capacités d’absorption, soit le nombre d’années nécessaires à l’absorption du stock d’offre à un an, les déséquilibres continuent de s’amplifier trimestre après trimestre. En périphérie, un maximum de 6,5 années en 1ère Couronne Nord a été atteint. La Défense semble quant à elle se stabiliser. Enfin, la Boucle Sud voit sa situation se dégrader, pâtissant d’une vague de libérations quasi historique (120 000 m² attendus sous 24 mois pour la seule commune d’Issy-les-Moulineaux).

Dans la capitale, la sous offre se confirme et devrait se prolonger à moyen voire long termes. La révision du PLU parisien, via un nouveau PLU bioclimatique qui entrera en vigueur à l’horizon 2025[1], va dans ce sens, en freinant sensiblement la capacité des investisseurs à lancer des opérations de restructuration, et conduire ainsi à une raréfaction accrue de l’offre future de grande qualité. A noter toutefois un rééquilibrage dans les chantiers en cours : 39 % des chantiers de l’IDF sont à Paris, contre 24 % il y a un an. Enfin, Paris Centre Est éprouve encore des difficultés à convaincre avec des positionnements de loyer ambitieux dans le sillage du QCA.

Les loyers continuent à augmenter à Paris mais stagnent en périphérie

Des loyers « sous perfusion » des mesures d’accompagnement

 

Contexte inflationniste, demande en berne, sous offre structurelle dans la capitale… Qu’en est-il des loyers en IDF ? Dans Paris QCA, les loyers moyens continuent de s’envoler (871 €/m² dans le Neuf). Hors QCA, secteur bien plus hétérogène, la tendance est toujours orientée à la hausse (646 €/m² moyens dans le Neuf). En périphérie, on note une stabilité dans le Neuf, alors que dans les bureaux de 2nde main, nous enregistrons des baisses sur plusieurs secteurs, comme La Défense, et la Boucle Sud.

Dans le segment du prime, l’inflation des valeurs dans Paris intramuros s’est poursuivie en ce début d’année, notamment avec un loyer prime, à fin août 2023, de 1 000 €/m² sur Paris QCA et dans le 7e arrondissement. Des loyers de 1 100 €/m² apparaissent d’ores et déjà, en valeur de réserve dans certains mandats de commercialisation, dans les meilleurs quartiers du QCA. Sur le quart Nord-Est, plusieurs investisseurs ambitionnent 850 €/m² de valeurs locatives, espérant bénéficier de la pénurie d’offre dans le QCA. Sur la Rive-gauche, et notamment le quartier de Montparnasse, les futurs programmes s’affichent à plus de 700 €/m².

En périphérie, les loyers prime se maintiennent à des niveaux élevés : 600 €/m² à La Défense sur la Tour Trinity, et 520 €/m² pour la Boucle Sud sur la Tour Horizons à Boulogne-Billancourt. Il s’agit toutefois de loyers « sous-perfusion » au regard des mesures d’accompagnement qui dépassent largement les 30 % sur la majorité des secteurs. Aujourd’hui, on assiste même à des repositionnements de certains loyers, notamment à La Défense.

Les entreprises situées à Paris y restent malgré la hausse des loyers

Une mobilité de proximité visant des immeubles de qualité

 

A première lecture, on pourrait penser que toutes les entreprises n’auront pas les moyens de rester dans Paris. Toutefois, depuis le 1er semestre 2022, seulement 16 % (soit moins qu’en 2019) des transactions en périphérie ont été réalisées par des Utilisateurs parisiens. Plusieurs secteurs géographiques de la périphérie parisienne, La Défense en tête, ont su capter ces Utilisateurs parisiens. En termes de secteurs d’activité, ces transactions proviennent majoritairement du secteur public, puis du secteur industriel.

Dans le sens inverse, les sociétés localisées en périphérie ne forcent pas les portes de la capitale. Il s’agit de 5 % des deals parisiens, soit moins qu’il y a 2 ans. Les entreprises situées en périphérie ont privilégié une mobilité locale pour des immeubles de meilleures qualité et des emplacements plus centraux et accessibles. Nous pouvons donc vraiment parler de polycentralité francilienne. Ce qui fait la force et la résilience du marché des bureaux en Ile-de-France.

Le « resizing » a de nombreuses conséquences

Des disparités géographiques et de secteurs d'activités

 

Le « resizing » se poursuit. Nous observons actuellement une baisse de 24 % du gabarit moyen pris à bail en grandes surfaces. Nous sommes ainsi passé de 13 900 m² en moyenne par transaction > 5 000 m² avant la crise sanitaire, à 10 600 m² aujourd’hui. La tendance pour les moyennes surfaces est similaire.

Concernant les secteurs d’activités qui « resizent » le plus, nous trouvons la banque, la finance, les assurances et le conseil. Le luxe, le public et le parapublic « resizent » finalement assez peu. Ce « resizing » est, en revanche, différencié en fonction des secteurs géographiques. Ainsi, en grandes surfaces, sur Paris QCA, on observe une baisse de la surface unitaire moyenne de seulement 9 % contre 40 % en 1ère Couronne Nord, accueillant davantage de middle et back office.

Par conséquence, le nombre de deals d’une superficie supérieure à 5 000 m², est directement impacté, au profit des petites et moyennes surfaces. A titre d’exemple, les sièges sociaux de Michelin et d’Euroclear sont passés sous la barre des 5000 m² avec respectivement une réduction de surface de 59 et 29%.

Ce décryptage des principales tendances du marché de bureaux en IDF met en lumière sa capacité d’adaptation et sa résilience. Si plusieurs indicateurs, comme la demande placée, montrent nettement une baisse tendancielle, les loyers restent hauts et les entreprises demeurent en région parisienne.

Mutations de quartiers, rénovation et restructuration d’immeubles de bureaux, prise en compte croissante des critères RSE, développement de l’approche low tech, classes d’actifs alternatives « tech-tiaires » … nous verrons dans un second article les nouvelles équations et solutions permettant au marché de bureaux francilien de se réinventer et de faire preuve de résilience.

 

 

[1] Plan local d'urbanisme bioclimatique : vers un Paris - Ville de Paris

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