Après deux à trois mois de télétravail, l’expérience collective du home office aura impacté les habitudes et considérablement modifié la perception des lieux et des espaces. Le retour partiel et limité au bureau ne permettra certainement pas de retrouver nos habitudes d’avant le confinement. Dans le respect des normes sanitaires visant à réduire les risques de propagation du virus, l’occupation des lieux sera, dans un premier temps, fortement limitée, les collaborateurs masqués et les contacts distanciés. Une organisation particulière qui devrait, quand cela est possible, s’articuler avec du travail à distance afin de permettre à chacun de retrouver au moins une fois par semaine les services et les interactions de l’immeuble de bureau. De nouveaux modes de travail seront donc à définir dans un contexte inédit. Les entreprises ne s’étaient jamais confrontées à une crise sanitaire d’une telle ampleur. De fait, la configuration des espaces de travail n’a pas été pensée pour réduire les risques d’une éventuelle propagation. Aucune organisation n’ayant été préparée, tout reste à inventer et à construire ensemble pour des bureaux plus sécurisés, plus adaptés et plus résilients.

Priorité aux normes sanitaires et à la sécurité des collaborateurs

 

La priorité numéro un dans cette première vague de retour au bureau est bien entendu de garantir la sécurité des collaborateurs. Si de nombreux services ne peuvent être assurés ou alors de façon partielle, c’est avant tout pour respecter les normes sanitaires. Selon une enquête IFOP pour BNP Paribas Real Estate publiée en avril 2020, 76 % des employés souhaitant revenir au bureau déclarent être pour un retour progressif en entreprise avec pour seule priorité la santé de chacun. Afin de rester productifs et efficaces, les collaborateurs devront donc être rassurés quant aux dispositifs mis en place par l’employeur.

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Il faut alors réduire la densité, en espaçant les postes de travail et ainsi instaurer une distance suffisante entre les individus. La meilleure disposition semble être le modèle en « damier » ou en V afin d’éviter des agencements linéaires ou en face to face et instauré la règle des 2 m2 autour de chaque employé. Le retour progressif au bureau et la rotation des équipes restent, pour le moment, la meilleure solution pour faire respecter cette distanciation.  Des repères signalétiques, comme nous avons pu déjà en voir dans certaines boutiques et centres commerciaux, permettent de faire respecter l’application de ces règles, certaines entreprises préconisent également l’usage de plexiglas entre les postes de travail, rappelant quelque peu le cubicule des années 60 du Playtime de Jacques Tati.  

Si le flex office fut une grande tendance de ces dernières années, permettant aux employés d’avoir une certaine liberté au sein de l’immeuble, il sera inenvisageable, du moins à court terme, de pouvoir changer de bureau dans la même journée. Un nettoyage individuel avant et après sera indispensable et des places devront être attribuées pour garantir une propreté irréprochable des outils. En parallèle, un accès systématique aux produits de nettoyage devrait permettre d’autonomiser chacun dans cette tâche qui pourrait bien devenir un geste routinier. Les espaces partagés (salles de réunion, machines à café, canapés…) devront être utilisés avec précaution et parcimonie. La répercussion psychologique étant différente selon les individus, il sera de la responsabilité de chacun de se montrer le plus rassurant possible quant aux comportements au sein de ces espaces.

S’adapter au « monde de l’entreprise d’après »

 

Pourrons-nous un jour revenir à la situation d’avant ? La réponse semble être négative et pourtant optimiste. Non qu’il soit impossible de retrouver bien-être et productivité au sein du bureau mais, les entreprises se doivent d’anticiper les prochaines crises. En élaborant une organisation capable de conserver ce qui fonctionnait bien avant, car tout ne sera pas à jeter, nous serons à même d’imaginer des lieux flexibles et capables d’être transformés au gré des usages, mais aussi des circonstances.

« La question de l’interchangeabilité des espaces de travail va se reposer de la même manière que l’optimisation des open space déjà densément occupés. Va-t-on revenir à des espaces dédiés et un aménagement plus traditionnel ? Bien au contraire ! Si nous travaillons deux à trois jours par semaine depuis chez nous, nous verrons fleurir de nouveaux espaces hybrides, qu’il reste encore à inventer. Il ne s’agira ni d’espaces résidentiels, ni de bureaux, ni d’hôtels… mais un peu tout cela à la fois, des tiers-lieux en somme » affirme Sylvain Hasse directeur exécutif des services corporate de BNP Paribas Real Estate. « L’immeuble de bureau - et d’autant plus le siège social - est en quelque sorte la vitrine de l’entreprise, c’est un lieu où se croisent les collaborateurs, les prestataires, les clients, les alternants, les stagiaires, les nouvelles recrues… Il est un lieu d’attractivité pour les talents et les investisseurs ; un carrefour d’opportunités. Cela ne veut pas dire que les bureaux offriront moins de mètres carrés, mais, si j’ose dire, mieux de mètres carrés ».

Ainsi, nous pouvons d’ores et déjà imaginer des espaces de bureaux ou de coworking adaptés à toutes situations ; qu’il s’agisse de la croissance d’une entreprise, d’un besoin accru des espaces de travail, d’un déménagement ou d’une nouvelle situation de force majeure. « L’espace de travail doit absolument contribuer au bien-être des employés, car leur sentiment de sécurité relève de dimensions physiques, cognitives et émotionnelles. Les solutions fondées sur les données et les découvertes scientifiques devront être associées à des outils technologiques performants pour pouvoir créer des environnements dans lesquels les individus puissent interagir et adopter de nouveaux modes de travail en toute sécurité ». [1]

Hybridation des espaces

 

Le bureau restera ce lieu de rassemblement si cher aux collaborateurs où l’échange informel offre bien plus qu’une visioconférence. Un lieu d’augmentation technologique, de services, de formation toujours plus agréable et performant à l’usage. Mais ces changements s’accompagneront également par une redéfinition de la centralité du siège social.  

L’articulation des tiers-lieux et du home office pourraient bien devenir la norme, permettant de désengorger les transports et de donner un nouveau sens à la mobilité.  Si le bureau évolue dans les prochaines années, il est à parier que le home office sera lui aussi à adapter afin de créer un environnement confortable à domicile. Il ne s’agit donc plus de changer les lieux, mais aussi les habitudes et donc de repenser l’organisation du travail dans sa globalité, en confirmant ce qui fonctionne et en adaptant ce qui devrait encore mieux fonctionner.

[1] Steelcase, l’espace de travail post-covid, 2020. https://www.steelcase.com/eu-fr/postcovid/

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