À mi-chemin entre la colocation, l’hôtel et la résidence services, le coliving n’a rien d’un épiphénomène. Les expérimentations en France et en Europe confirment l’engouement pour cette nouvelle forme d’habitat partagé qui réinvente le vivre-ensemble en ville, en particulier chez les jeunes actifs. Le coliving va-t-il s’imposer dans le paysage immobilier de demain ?
Du phalanstère au coliving…
Vivre en communauté tout en gardant son indépendance et son intimité : le principe n’est pas si nouveau. Il y a deux siècles, le philosophe Charles Fourier théorisait son modèle idéal de société fondé sur le phalanstère : un grand bâtiment communautaire, composé d’appartements privés et d’espaces collectifs. Ce concept immobilier, pionnier dans l’idée du « chacun chez soi mais tous ensemble », a inspiré des générations d’architectes et toutes sortes d’habitats communautaires, comme les foyers de jeunes travailleurs au XIXe siècle ou le cohousing dans les pays anglo-saxons. Mais il ne s’était jusque-là jamais vraiment imposé comme une tendance urbaine globale. Né au Danemark dans les années 1960, puis réapparu quelques décennies plus tard outre-Atlantique, le coliving n’a cessé de prendre de l’ampleur ces trois dernières années, de Londres à Shanghai, et de Paris à New Delhi. Initialement portés par des start-up de la Proptech, les projets en France intéressent désormais les promoteurs et opérateurs immobiliers. Ils sont aujourd’hui en première ligne pour construire et réhabiliter des bâtiments destinés à ce nouveau mode de vie et développer des offres locatives innovantes.
Repères
- 700 : c’est le nombre de sites de coliving actifs dans le monde en 2018. 1 sur 5 se trouve en Europe .
- 5 000 : c’est le nombre de places en coliving en France en 2019. La moitié d’entre elles se trouve en Île-de-France et 3 500 lits supplémentaires sont actuellement en projet.
- +550 % : c’est la progression du nombre de requêtes Google du terme « coliving » entre 2017 et 2019.
Un marché émergent mais prometteur
Le coliving est à l’immobilier résidentiel ce que le coworking est à l’immobilier d’entreprise : un marché à fort potentiel de développement, qui répond à un triple défi de société.
1. La difficulté d’accès au logement dans les métropoles : dans un contexte de forte tension du marché immobilier, les candidats locataires se heurtent à la complexité des démarches pour constituer leur dossier, trouver une colocation ou signer un bail à distance. À Paris, Lyon, Marseille, Lille ou Bordeaux, les loyers ont augmenté de plus de 3 % par an en moyenne.
2. Le besoin croissant de flexibilité : réticence à s’engager sur le long terme, forte exigence en matière de services… Le secteur immobilier doit s’adapter aux mutations des comportements de consommation qui valorisent l’usage aux dépens de la propriété.
3. Le sentiment d’isolement urbain : la solitude ne concerne pas seulement les personnes âgées ou inactives, bien qu’elles restent les plus touchées. Dans son étude sur l’isolement des jeunes, la Fondation de France observe qu’au sein des jeunes isolés, les 25-30 ans sont plus touchés que les 15-18 ans, encore souvent hébergés dans le foyer familial.
Selon Virginia Scapinelli, consultante chez Stonup, un cabinet de stratégie en innovation immobilière, le coliving repose sur trois piliers :
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L’espace
Le locataire bénéficie généralement d’une chambre privée avec salle de bains. Il partage les autres pièces avec ses colivers : cuisine, salon, bureau, buanderie, etc. Le ratio entre surface collective et surface privée au sein de l’immeuble est donc inversé par rapport à un programme résidentiel traditionnel.
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Le service
C’est un argument-clé vis-à-vis des résidents. Ménage, assurance, wifi, électricité, équipements, conciergerie ou abonnements divers type Netflix ou panier de légumes : le loyer du coliver intègre un pack de services, inclus dans un forfait ou en option.
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La communauté
Tous les avantages de la colocation classique, sans les inconvénients : c’est le motto du coliving. La dimension communautaire se traduit par l’organisation d’animations et de moments conviviaux plus ou moins informels. Certains lieux optent d’ailleurs pour un système de cooptation des résidents, afin de garantir la cohésion du groupe.
Quels critères dans la recherche de coliving ?
Ces trois critères sont plus ou moins prégnants selon les sites – et impactent directement leur positionnement. Dans leur stratégie marketing, certains espaces valorisent en priorité leurs équipements (spa, espace coworking ou potager collectif, par exemple) quand d’autres misent d’abord sur l’argument du prix. Selon les cas, les résidents peuvent rester quelques jours ou plusieurs années, certains sites imposant toutefois une durée minimale de séjour.
Le concept du coliving
Est-il réservé aux millennials ?
Le marché du coliving vise d’abord les digital native, qu’ils soient stagiaires, startupers ou jeunes salariés. Certains choisissent cette formule pour développer un projet professionnel (The Hackerhouse), quand d’autres cherchent à adopter un nouveau mode de vie, en phase avec leurs valeurs et centres d’intérêt personnels (Les Casas). Si ce profil-type de jeunes actifs, peu attachés à la propriété, reste le cœur de cible du marché, l’offre est aujourd’hui en pleine diversification. En mai dernier, par exemple, un concept de coliving destiné aux familles a ouvert à New York. Baptisé Kin Families, il propose des espaces privatifs de deux ou trois chambres aux parents séparés – et une batterie de services pour divertir ou faire garder les enfants. Les jeunes seniors à l’approche de la retraite sont eux aussi une cible potentielle.
In fine, le modèle du coliving répond aux besoins de toutes les personnes qui vivent une phase de transition personnelle ou professionnelle. Les planètes sont alignées : nul doute que le coliving a de beaux jours devant lui.
Quand le coliving s’intègre dans des programmes hybrides
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Lauréat du concours Inventons la Métropole du Grand Paris, ce programme totem sera inauguré à horizon 2023.
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